De Miami Beach à Downtown Miami, des immeubles Art déco aux tours de verre archidesign, des plages apprivoisées aux quartiers arty, Miami joue les illusionnistes, faisant le grand écart entre strass et culture, sans perdre son âme ni tourner le dos à la Floride. Visite en couleur(s).
> Que reste-t-il de « Miami Vice » ?
. Pour les disciples et nostalgiques de « Deux flics à Miami », aucune chance de croiser Sonny Crockett et Ricardo Tubbs sur Ocean Drive. Encore moins de retrouver leur style inimitable le long de l’océan, à Miami Beach: la gent masculine s’y balade plus volontiers en marcel et pantacourt qu’en costume Lanvin, Versace, Hugo Boss ou Armani, de surcroît rose, pêche, voire fuchsia… Reste un décor de rêve aux teintes pastel et l’océan Atlantique omniprésent, tiède, chaleureux (on raconte qu’en 1984 les producteurs de la série « Miami Vice » ont financé une partie des ravalements de façades sur Ocean Drive…). Sans oublier quelques Ferrari décapotables. Pour le reste, Miami a bien changé depuis les années 1980. Downtown n’est plus un coupe-gorge, les musées fleurissent un peu partout, la ville est plus glamour que jamais, furieusement latina, branchée juste ce qu’il faut. Le tout agrémenté d’une note fraîche aux accents de culture.
> Le Design avant tout !
. Miami est une ville qui scintille. Alors que le Soleil se reflète sur les tours de verre de Downtown, d’ailleurs toutes plus design les unes que les autres, elles-mêmes se réfléchissent dans l’océan, qui leur renvoie une image plus irréelle. Du côté de la Miami River, notamment, la démesure s’abreuve d’une singulière réflexion. Bref, on se croirait dans une allégorie du Mythe de la caverne (de Platon), tant il est difficile de distinguer le réel de l’éblouissant, surtout à l’heure de l’apéritif…
> « The place to be »…
. C’est dans le « Design district » que le côté trendy de Miami se reflète à merveille, ou se reflétera plutôt. Ce quartier, délaissé il n’y a pas si longtemps, est devenu « the place to be » pour pas mal de galeries d’art branchées, boutiques fashion et cabinets d’architectes. C’est vaste, aéré, Art déco par endroit. Si vous êtes amateur d’art contemporain, ne ratez pas la « De La Cruz Collection » du côté de 41 st Street, 23 Northeast. Cerise sur le gâteau, le « Dacra », du nom de la société immobilière à but lucratif et culturel qui l’a construit. Entre le centre commercial version luxe et la galerie d’art contemporain en plein air, ce miniquartier façon « concept immobilier » accueille des bâtiments futuristes – dont un signé Sou Fujimoto – des galeries, un boutique-hôtels et, surtout, des boutiques tout court. De Celine à Cartier en passant par Christian Louboutin, Hermès, Louis Vuitton, Prada, ils sont tous là…
> Toujours la Floride, mais arty, jeune et branchée
. Moins clinquant, plus authentique, Wynwood, situé au nord de Downtown, se pose comme l’épicentre du street art. Entre NW 36 th Street (au nord), NW 20th Street (au sud), I-95 (à l’ouest) et NE 1 st Avenue (à l’est), les galeries, musées ou collections se partagent les mètres carrés. Un peu partout, des fresques murales dont les couleurs éclatantes tranchent sur le ciel bleu. Autrefois « no man’s land » constellé d’entrepôts lugubres, Wynwood s’est racheté une conduite en se refaisant une beauté, du moins en utilisant ses façades comme une galerie à ciel ouvert. D’ailleurs, chaque deuxième samedi du mois, le quartier est en effervescence: c’est la période des vernissages. Sympa pour s’imprégner de l’ambiance, avec DJ et mojitos…
> Winwood, ses fresques et ses artistes
. Quoi que déambuler à Wynwood, en dehors des heures d’affluence, puisse présenter pas mal d’avantages, comme photographier les fresques tranquillement ou, plus intéressant, rencontrer de vrais artistes dans de vraies galeries. Chez Brisky, 130 Northwest, 24 th Street, par exemple, où travaille, entre autres, Louis Valle, jeune artiste salvadorien inspiré, mais lucide: l’authenticité, voire la pureté et la spontanéité de Wynwood sont en sursis. En effet, les fresques peuvent disparaître à tout moment dépendant du bon vouloir des propriétaires d’immeubles. Pour y réfléchir, arrêtez-vous au « Wynwood Kitchen & Bar« , endroit hype et ombragé, histoire de grignoter latino et d’admirer les fresques du « Wynwood Walls » déjà entrées dans la postérité, de Shepard Fairey, Os Gemeos, Kenny Scharf…
> La démesure, mais tout en finesse…
. Plus dans le style de Miami, la villa Vizcaya et ses jardins à la française valent le détour. Cet édifice Renaissance, construit en 1912 par James Deering face à la baie de Biscayne, est un anachronisme radieux, accessoirement musée. Une balade dans les 34 pièces de la maison vous réconciliera avec les styles Renaissance, baroque, rococo et néoclassique. Le tout est encerclé de jardins envahis par des jeunes filles latino-hispaniques venues fêter leur « quinceañera » en robe à froufrous. Bref retour dans le passé teinté de romantisme avant de longer quelques villas de stars. Mais où habitent Iggy Pop, Lenny Kravitz, Ricky Martin, Julio Iglesias, Tom Cruise, Shakira, Matt Damon ou Nicolas Cage ? Vous le saurez en prenant un bateau à Bayside… Sinon, une « Miami Star Map » est disponible sur Google en cas de besoin impérieux…
> Où le béton sublime tout, y compris la culture
Comme, à Miami, on n’est pas à une audace près, la formule art + béton = culture est appliquée un peu partout. Notamment à Downtown, où le Pérez Art Museum Miami (PAMM pour les intimes), sorte de temple sur pilotis gratifié de jardins réellement suspendus, magnifie l’art contemporain. Le tout avec vue sur la baie de Biscayne. D’ailleurs,le PAAM s’inscrit dans un projet plus vaste, le Miami’s Museum Park, qui vous offre une promenade culturelle au bord de la mer, parcours design entre art moderne et science: la balade aboutit au Miami Science Museum dont la construction se terminera en 2016. La « revitalisation » de Downtown, dixit les autorités locales, est donc en marche. On le constate en quittant Museum Park pour rejoindre l’History Miami Museum, sur Flagler Street. On y propose quelques visites guidées aussi intéressantes qu’une balade par vos propres moyens dans un quartier à des années-lumière de South Beach.
> À la recherche de Old Miami
Au détour d’une avenue, à Downtown, (au 139 NE 1st Street), essayez une cantine cubaine, Los Quitos, version vraie de vraie, étriquée, originale. Elle se trouve juste en face d’un gratte-ciel jamais terminé à la façade Art déco. Singulier et pittoresque, aussi, ce restau péruvien, Pollos y Jarras (15 NE 3 rd Ave). Car Downtown bouge, vit, vibre. À parcourir à pied… Le cœur de Miami bat-il au centre-ville, hanté aux heures chaudes de la journée par quelques sans-abri ? Où se situe-t-il vers Miami Beach et South Beach, le long d’un océan (presque) toujours bleu turquoise ? Pour la carte postale, Miami c’est Ocean Drive et South Beach, des immeubles Art déco aux teintes pastel, Washington Avenue, Collins…
> Art deco district
. Cet « Art Deco District » construit entre les années 1920 et 1940 se transforme, le soir venu, en un quartier dédié à la fête; la bière coule à flots, les cocktails sont parfois assez bas de gamme. Dans la journée, lorsque le soleil tape, pas grand monde et Miami réapparaît presque dans sa version originelle. Un monde presque parfait, dominé par le Delano, le Raleigh ou le Sagamore, sur Collins Avenue, le Clevelander, sur Ocean Drive, et les cabanes de plages rose bonbon, disséminées sur le sable blanc. En toile de fond, un peu d’electro imbibée de mojito en provenance d’une piscine quelconque. Ça jure un peu avec le coucher de soleil !
> Une institution: l’heure du brunch, le dimanche
. Deux institutions ont retenu notre attention pour un brunch « vintage » ou chic. Le premier est servi au Peacock Café, 2889 McFarlane Road, Coconut Grove. Le quartier est agréable et l’endroit cocasse: un patio ombragé, une demeure en bois, des brunchs copieux et bio. Le Peacock Café a tout du havre de paix bon pour la santé. Moins « vintage » et plus dans le genre chic et select, le Fontana Ristorante & Courtyard du Coral Gables Biltmore Hotel. Le bâtiment, classé 1972 dans le registre national des lieux historiques, fait dans le monumental. Situé à Coral Gables, une « ville-jardin » qui vaut le détour, le Biltmore abrite une cour intérieure dans laquelle, le dimanche, le brunch est arrosé au champagne. Anachronique et gargantuesque…
Plus d’infos sur: www.miamiandbeaches.com
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