Ce petit pays d’Europe, qui a inventé Skype et les chants de masse, possède 1.500 îles, l'euro et des gens heureux. De Tallinn, la capitale, à Tartu l’exubérante, balade féerique et nature dans un pays d’Histoire peuplé de fantômes pas tous gentils.
> Tallin souffle le show sur la Baltique.
. Il se passe toujours quelque chose à Tallinn. Elton John et Zucchero y seront en juin. Robbie Williams les suivra en août (vous avez échappé à Mireille Mathieu qui les avait précédés il y a un an…). Heureusement, pour ceux que la chanson ne tente pas, il reste le plus grand festival de la bière des Pays baltes, l’Õllesummer (www.ollesummer.ee), du 3 au 6 juillet. Sans oublier, depuis mai et jusqu’en août, un grand raout floral qui sent bon « Le jardin comme œuvre d’art ». Bref, sur les rives de la mer baltique, en face de la Finlande et d’Helsinki, on souffle plus le show que le froid, surtout pendant les beaux jours. L’ambiance y est même méditerranéenne.
> Design et moyen-âge font bon ménage.
. L'Estonie sait se montrer surprenante. D’aucuns seraient loin d’imaginer que, dans ce pays balte situé au nord de la Lettonie, au sud de la Finlande et à l’ouest de la Russie, l’été est souvent torride, à tous points de vue. Ensuite, d’autres y voient un pays slave, ils se trompent car Tallinn est farouchement européenne. D’ailleurs, la ville a été capitale européenne de la culture en 2011. Quelques esprits chagrins sont persuadés de trouver un peu partout les vestiges lugubres de l’ère soviétique: Erreur. Le pays affiche une modernité toute scandinave, judicieusement assortie aux vieux édifices polychromes qui se dressent un peu partout. De Tallinn à Tartu, le XXIe siècle joue ainsi avec le Moyen-Âge sans fausses notes. Design et créativité font parfois des miracles…
> Une capitale pleine d'élégance.
. Alors que l’Europe se déchire par endroit, Tallinn, après avoir adopté l’euro, semble être parvenue à toucher le bonheur suprême version nirvana, celui d’être enfin européenne à part entière. Évidemment, le pays reste attaché à ses fondamentaux, en l’occurrence, son Histoire et ses traditions, pour continuer à présenter aux touristes son profil le plus avantageux. Tallinn se révèle donc une capitale élégante, un modèle d’harmonie et de douceur, comme le quartier de Rottermann; Situé entre la vieille ville et le port, cet ancien site industriel a été complètement réinventé, moderne mais pas clinquant, authentique sans être emprunté. Esthétique sans être hermétique.
> La vieille ville.
. Son côté médiéval séduira les passionnés d'histoire. La vieille ville, en forme de cœur, rassemble une quantité impressionnante de tours et grosses murailles édifiées au XIIIe siècle. Et comme il bon fait déambuler dans les ruelles pavées (sans talons-hauts…), prenez le temps de visiter les monuments. La cathédrale Alexandre-Nevski, par exemple, vaut bien le détour. Ensuite vous arriverez logiquement vers une terrasse de café ; les Estoniens ont le génie de la terrasse idéalement située, toujours bien orientée. Tallinn ressemble à succession de petites villes, chacune ayant son caractère. Kadriorg et Pirita, calmes et arborés, cachent des trésors dont un palais charmant et un musée d’art moderne surprenant, le Kumu (www.ekm.ee/kumu). Le quartier de Kalamaja abrite des maisons en bois anachroniques à caractère bohème ; Nõmme est une espèce de village ancré hors du temps…
> Des fantômes, des chants et du Wi-Fi…
. Incontestablement, le renouveau de l’Estonie passe par la culture. Dans ce pays surprenant et multiples, on adore expliquer le monde d’un point de vue satirique et original. Voire fantasque. Parfois, dans les ruelles médiévales de Tallinn, certaines nuits d’été, un ministre de la Défense en personne, tout seul, raconte à une foule en délire ses histoires "vraies" de fantômes. Mais les Estoniens préfèrent nettement chanter. Le "u202fpeuple chanteur", comme il se nomme, communie en musique ; il a même fait la révolution en chantant, en 1991u202f: les Soviétiques ont jeté l’éponge. La chorale reste le symbole du pays. En général, on chante, à Tallinn, sur la fameuse "Esplanade du chant" où 34 000 chanteurs et 200 000 spectateurs se sont déjà réunis pour pousser la chansonnette en chœur ! C’est un brin patriotique, mais follement tendance. Le tout sur fond design et high-tech. C’est en Estonie que Skype a été inventé. Par ailleurs, le pays est presque entièrement couvert par le Wi-Fi.
> Tartu, ses théâtres, ses étudiants et aussi ses moustiques…
. À 165 kilomètres au sud de Tallinn: Tartu, deuxième ville du pays avec 100.000 habitants dont 20.000 étudiants. On y compte plus de théâtres que de cinémas. Sans oublier une bonne vingtaine de musées et quelques millions de moustiques particulièrement déchaînés en été, que la culture laisse étrangement froids… Une seule solutionu202f: se réfugier dans un restaurant, courir dans un pub surchauffé goûter à une bonne bière locale. En effet, Tartu cultive un art de vivre singulier fondé sur le mouvement (presque) perpétuel. Tartu est un régal pour les yeux, de la Place Raekoja, au centre-ville, jusqu’aux bords de la rivière Emajõgi. Car cette cité charmante n’est autre que la plus ancienne ville des pays baltes et son université, fondée en 1632, l’une des plus anciennes d’Europe du Nord. Prenez le temps de la visiter…
> Les témoins du passé.
. Évidemment, dans l'ordre des priorités touristiques, la "maison penchée" de la place Raekoja est plus spectaculaire, tout comme la colline de Toomemägi où sont perchés le château et les ruines de la cathédrale gothique érigée par les chevaliers teutons au XIIIe siècle. En tout cas, rien ne vaut une douce descente de la rivière Emajõgi sur un navire viking. En tout cas, les habitants affirment que le temps s’écoule plus lentement à Tartu. Sans doute en dehors des Journées printanières estudiantines…
> Côté cuisine.
. Tallinn et Tartu sont assez bien pourvus en restaurants originaux. Bien sûr il faut éviter la cuisine pour touristes, version "médiévale" et servie en costume, qui reste franchement indigeste. Mieux vaut garder ses euros pour le Chedi (Tallinn, www.chedi.ee) et sa cuisine thaï, le Mekk (Tallinn, www.mekk.ee) qui propose une vraie cuisine moderne estonienne, voire à l’Alter Ego (www.alterego.ee), en plein quartier Rotermann, lieu ultradesign qui sert une excellente cuisine… méditerranéenne.
> Les hébergements.
. En Estonie, l'on trouve des hôtels pour tous les goûts. Certains aimeront le design soviétique 1970 du Viru (www.sokoshotels.fi), au dernier étage duquel se trouve un petit musée du KGB avec matériel d’espionnage et odeurs d’origine… Nettement plus chaleureux, le Telegraph (www.telegraafhotel.com), est aussi plus authentique, voire select. Situé au cœur de la vieille ville, le Telegraaf, fondé au XIXe siècle, arbore 5* Luxe. Son restaurant, le Tchaikovsky, propose une cuisine "fusion" entre la Russie et la France, un régal. Beaucoup plus moderne, Le Tallink accueille une clientèle jeune et assez branchée.
Du côté de Tartu, L’Antonius, face à l’université, reste l’endroit le plus kitschissime et le plus attachant. La déco délirante rend l’hôtel charmant (www.hotelantonius.ee). Mais rien ne vaut une halte en pleine nature, à Järvamaa, juste à mi-chemin entre Tallinn et Tartu, au Põhjaka Manor. Dans cet ancien manoir, un jeune couple sert une cuisine bio, fraîche et délicate à une clientèle surexcitée en période de beau temps. On déjeune sur l’herbe, sous les arbres, survolé par des insectes bienveillants ceux-là…
> Pour s'y rendre, des vols saisonniers.
. À partir du 3 juin, Estonian Air opère des vols directs entre Paris et Tallinn en 2h 45 les jeudis et samedis. Le reste de l’année, printemps compris, il faut prévoir une escale (Danemark, Norvège ou Pays-Bas). Il existe aussi des vols directs entre Nice et Tallinn les lundis et samedis au printemps et en été. Le prix d’un aller et retour en classe économique commence à 350 €: www.estonian-air.ee