La deuxième ville la plus peuplée d’Amérique du Sud hésite entre effervescence et douceur de vivre. Buenos Aires l’européenne concilie charme anachronique et tempérament bouillonnant pour le meilleur et, parfois, pour le pire.
> Un caléidoscope géant
. De la Terre de Feu à Buenos Aires, l’esprit jongle avec les notions de proximité et de mondes qui, mis bout à bout, font tourner la tête. Dans la capitale argentine, en tout cas, on aime brouiller les cartes sur un air de tango entêtant. Traverse-t-on Barcelone, Madrid, Naples, une avenue haussmannienne de Paris, un quartier bobo de Copenhague ? Dans la deuxième ville la plus peuplée d’Amérique latine, caléidoscope géant posé sur la rive ouest du Río de la Plata, on ressent un sentiment de familiarité ponctué de profondes bouffées de déracinement. Le tout sur fond de romantisme mâtiné d’effervescence. Et vice versa…
> L'emblématique Place de Mai.
. Buenos Aires, la plus européenne des villes d’Amérique du Sud, semble évoluer dans une autre dimension. Dans le quartier de Monserrat, le fameux « microcentro porteño », au pied d’un palais présidentiel (la Casa Rosada) tout rose : la place de Mai. Les « folles » ont cessé d’y tourner, mais le lieu reste emblématique. Désormais, on ne proteste plus, on visite. Entre autres, le musée du Bicentenaire (www.museo.gov.ar). Peut-être y méditerez-vous sur le sens de la destinée, du pouvoir, de l’Histoire – de Juan Perón et Evita, aux dictatures en passant par Carlos Menem, Néstor Kirchner, Cristina Fernández de Kirchner… – ou des trois réunis. Retour à l’air libre. À Buenos Aires, dix fois plus vaste que Paris, tout inspire la liberté. La crise est passée, on en devine encore les traces, mais la ville semble se reconstruire à chaque coin de rue, quartier par quartier (il y a 48 "barrios").
> Pèlerinage à Recoleta.
. À l’image de Palermo immense barrio d’apparence bucolique avec son bosques de Palermo (bois de Palerme). L’endroit, qui propose aussi la plus grande densité de psychanalystes au monde, connaît un boom immobilier et touristique incroyable. Il en ferait presque de l’ombre à l’ultrachic Recoleta, encore un quartier résidentiel, situé au nord-est et parsemé de centres culturels, monuments historiques, musées (museo de Bellas Artes, www.mnba.org.ar), foires d’artisanat, œuvres d’art en plein air, places ou espaces verts. Certains comparent Recoleta à Paris, peut-être influencés par l’Avenida Alvear. On dit parfois que Buenos Aires a inventé la nostalgie… Sans doute, la ville a-t-elle ré enchanté la nostalgie. À méditer dans le cimetière de Recoleta, par exemple, face à la tombe d’Eva Perón. Voire à San Telmo, un des plus anciens barrios, berceau du tango, devant une maison coloniale, perdu dans une rue pavée…
> Les "barrios" hors du temps
. Vous êtes las des grandes avenues haussmanniennes ? L’avenida 9 de Julio avec ses 140 mètres de large (la plus large du monde) et ses 4 kilomètres de long vous donne le tournis, Almagro est fait pour vous : l’endroit a une âme, abrite une vraie vie de quartier, surtout la nuit, lorsque musiciens, danseurs, acteurs, clowns électrisent le circuit off autour de la minuscule Plaza Almagro. Comme Carlos Gardel y a fait ses premiers pas sur scène, un musée lui est consacré (735, rue Jean-Jaurès…). Vous aimerez aussi Barracas, « l’âme de Buenos Aires », quartier historique encore méconnu, Boedo, populaire authentique, ou Belgrano, entre Las Cañitas et Juramento, ravissant et hors du temps…
> Entre modernité et authenticité.
. À l’opposé, Puerto Madero, situé sur les rives du Río de la Plata, affiche une modernité plutôt incongrue, en tout cas assumée. Mais c’est le quartier le plus cher de la capitale, rénové jusqu’au bout des docks, constellé de restaurants et d’hôtels étoilés… Sans oublier une réserve écologique et un pont devenu mythique, le puente de la Mujer. Symbolique et design. À ne pas manquer : le musée Fortabat qui abrite la plus grande collection d’œuvres d’art privée d’Argentine. Le faubourg mal famé n’est plus qu’un mauvais souvenir. En revanche, le port naturel de Buenos Aires, le légendaire quartier de La Boca, lieu trouble, canaille et bigarré, qui s’enflamme à l’ombre de son stade mythique la Bombonera, reste un lieu de bohème artistique et littéraire. Caminito, rue pour piétons et attraction, est évidemment envahie par les touristes, mais conserve son atmosphère sympa et authentique. C’est pittoresque, coloré, mais pauvre. Le soir, les boîtes à marins s’illuminent, les clubs de tango s’électrisent et il ne fait pas bon s’éterniser. Buenos Aires l’européenne, hypnotique et attachante, reste terriblement latine…
> Quelques pistes…
. L’hôtel Panamericano (www.panamericano.us), un 5 étoiles bon teint, avec spa et piscine, est situé sur la mythique avenue 9 de Julio, juste en face de l’obélisque de la plaza de la República et du Théâtre Colón, donc en plein « microcentro ». Bien manger: La Cabaña, Alicia Moreau de Justo 380, Puerto Madero (www.lacabana.com.ar). Pour sa viande extraordinaire et son cadre d’exception.Boire un verre: Le bar-restaurant Million, à Recoleta (www.milion.com.ar). Du chic et du hype dans un écrin de verdure.Sortir: Vous trouverez la liste des peñas de Buenos Aires sur : www.elfolkloreargentino.com
Spectacle de tango : Café de Los Angelitos, délicieusement kitsch (www.cafedelosangelitos.com)