Il y a des destinations dont la description, les données factuelles donnent le vertige par leur démesure et l’effort d’imagination qu’elles nécessitent pour les appréhender. Il y a des noms qui sont à ce point chargés de représentations, d’images, qu’ils frappent l’imaginaire. Et enfin il y a parfois l’association des deux : fermons les yeux, et laissons nous emporter vers l’infini : l'Hiver en Russie, la Sibérie, le lac Baïkal …
Et ce sont les images d’un cheval emportant Michel Strogoff à travers les immenses steppes blanches avec, en fond, la perle bleue d’un lac qui s’imposent à nous. Le lac Baïkal … Ici, ce n’est pas un lac, c’est une mer. D’ailleurs, ici chacun sait, que ses racines soient bouriates mongoles, evenk, chinoise ou russe, que si on l’appelle « lac Baïkal » la mer se vexera de voir remis en cause son statut de Mer Sacrée : Avec plus de 31.500 km² sa superficie est presque celle de 1200 lacs d’Annecy ! Si sa largeur varie entre 24 et 80 km, sa longueur atteint 636 km – plus que Biarritz/Rennes, Paris/Brest, Colmar/Avignon ou Bordeaux/Dijon ! Mais ce qui impressionne, c’est aussi sa profondeur, un record mondial : Plus d’un km 1/2 d’eau, 1.637 mètres pour être précis, reposant sur une épaisseur de 7 kilomètres de sédiments !…
Du coup, le Baïkal est la première réserve d’eau douce du monde : 23.500 Km3, soit 260 lacs Léman, autant que la Mer Baltique entière ! Il collecte une eau pure venue de glaciers et montagnes environnants apportée par 336 rivières et ruisseaux permanents. Des chiffres hors normes dont on prend conscience face à son immensité et sa pureté qui en font un aimant pour voyageurs, été comme hiver. Mais c’est en hiver que la magie opère totalement, durant le fameux hiver sibérien. Pourquoi ? Parce qu’il y a une esthétique unique que le Baïkal ne livre qu’en hiver : après les tempêtes de fin d’année, le lac saisi par la glace et le froid scintille sous la brume du jour timide et semble figé dans l’hiver sibérien : des blocs de glace pure et transparente, s’entassent à l’infini sur toute la surface du lac Baïkal, balayée par le vent ; partout des lignes semblent découper la « banquise », partout des craquelures, des fentes, des plis que le hasard, les vents, les amas de neige ont voulu cet hiver-là, pour créer un paysage unique et éphémère auquel succèdera un autre, à la fois semblable et totalement différent, l’hiver suivant. Bienvenue au Royaume de Glace !
Reconnaitre un voyageur d’un habitant des bords du Baïkal est facile : il suffit de regarder comment le personnage évolue sur la glace, en plein milieu du lac, en ayant conscience que sous ses pieds, il y a la noirceur des profondeurs du Baïkal … Le voyageur sera amené généralement par un véhicule 4×4 qui empruntera la Route de Glace, une création humaine qui slalome entre congères et blocs de glace et qui a été baptisée ici « zimnik » ; c’est un signe du mélange des religions et des croyances qui apparait là : entre christianisme, islam, bouddhisme, il y a de la place pour un rapport à la nature empreint de respect et d’affection. Zimnik va donc vous emmener sur la glace, entre escarpements blancs formés par les tempêtes et vastes étendues balayées les vents, dépassant des bateaux pris par les glaces et attendant la débâcle, des cabanes de pêcheurs installées le temps de la saison froide sur la glace, et des panneaux de signalisation tout aussi éphémères que les services publics ont planté dans la glace.
On ne se lasse pas de cette immensité, du sentiment de bout du monde, de la pureté de l’air, des formes incroyables prises par la glace, de la vie que l’on devine sous ses pieds et sous la glace quand on devine le passage d’un poisson… Parce qu’il existe une vie incroyable dans ce lac gelé ! Une vie que l’hiver sibérien et ses -26°C en janvier (-15 en moyenne en hiver) n’empêche pas de prospérer. Inscrit depuis 1996 sur la liste du Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco pour sa richesse écologique, le Lac Baïkal abrite 1.550 espèces animales différentes, 600 espèces végétales différentes, et la moitié des espèces du lac Baïkal sont endémiques, avec des curiosités incroyables, comme le coméphore du Baïkal, un petit poisson d’une quinzaine de centimètres, composé à 35 % de graisse pour résister à son environnement, et qui va littéralement exploser en masse graisseuse s’il est remonté à la surface trop rapidement par un pêcheur impatient. Ce sont aussi 250 espèces de crevettes s’y côtoient.
Le super prédateur du lac – ou prédateur alpha situé tout en haut de la chaine alimentaire, n’étant la proie d’aucune autre espèce animale – est le nerpa, la seule espèce de phoque au monde à vivre en eau douce : avec sa taille de 1,30 m c’est la plus petite espèce de phoque au monde ; ses
longues griffes très spécifiques lui servent à s’accrocher à la glace en hiver pour extirper ses 50
kilos de l’eau glacée. On le rencontre dans la partie nord du Lac BaÏkal et c’est une rencontre qui est
toujours émouvante.
Comme vous ne dégusterez ni le nerpa, ni le coméphore (comment faire frire d’ailleurs une boule de graisse), vous découvrirez l’omoul, LE poisson comestible du BaÏkal et le délice des pêcheurs locaux. Ici il est mangé sous toutes les formes : à la vapeur, frit, grillé, séché, le plus souvent accompagné d’un verre de vodka.
Peu importe, d’ailleurs, pour le voyageur dont l’attention se fixera sur le rose délicat que prennent les montagnes alentours dans l’après-midi sous la lumière rasante du soir sibérien, environné d’un blanc immaculé. Vous l’avez compris : le défi du voyageur sera de réussir des photos pour saisir ce qui est à la fois unique et éphémère : la lumière de Sibérie, les reflets de la glace, les « torossi » ces immenses plaques de glace vertiacles qui ne sont pas sans rappeler l’abri de Superman, les grottes laissant apparaitre des stalactites translucides, le bleu du ciel contrastant avec le blanc infini… Mais il y aura aussi les reflets des voyageurs dans la glace, parfois torturés comme dans des miroirs déformants de fête foraine, parfois spectaculairement purs …
La Sibérie c’est aussi la taïga, cette forêt immense et où peu d’hommes s’aventurent ; vous préfèrerez une motoneige adaptée, fiable et bien entretenue, peu polluante d’ailleurs, au cheval de Michel Strogoff. Prenez un peu de temps pour aller voir la prouesse technique que représentait la construction du transsibérien qui passe par le Lac Baïkal mais aussi l’île Olkhon, la seule île habitée du lac Baïkal (depuis 13.000 ans !…), par une population majoritairement bouriate. Olkhon est un musée à ciel ouvert avec ses 143 monuments archéologiques, ses nombreuses légendes et un mode de vie préservé, puisque l’électricité n’y est distribuée que depuis une dizaine d’années. Vous cheminerez entre de petites izbas en bois aux fenêtres comme brodées à l’ancienne. Vous découvrirez les banias qui vous ouvriront leurs portes pour vivre cette expérience incontournable de la culture russe, mélange de sauna finlandais et de bain de vapeur turc, dont l’accessoire indispensable est le "venik", un faisceau de petites branches de bouleau dont on se sert en se frappant légèrement tout le corps pour mieux se nettoyer et faire pénétrer le parfum du bouleau dans la peau…
Ici, au cœur de la Sibérie, toutes les imagess’entremêlent : l’ivresse de la nature sauvage, la pureté du lac Baïkal, les religions qui embrassent les légendes, l’austérité du quotidien, le luxe des saveurs qui n’ont guère besoin d’une étiquette Bio, la médecine séculaire des plantes de la taïga, la dureté des hommes qui choisissent de vivre là et leur gentillesse. On est ien loin des images de la Sibérie froide et inhospitalière que l'on croyait connaître…
Un tour-opérateur français s'est spécialisé dans l'organisation de voyages dans ces contrées aux antipodes du tourisme de masse, là où le vrai luxe est d'y être…
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