Difficile de ne pas tomber dans les clichés lorsque l’on évoque l’Orient Express. Mythique, magique… Les superlatifs s’enchaînent. Mais le Venice Simplon Orient Express ne saurait se résumer à quelques adjectifs. Pour comprendre et découvrir pourquoi ce train est entouré d’une telle légende, embarquez gare de l’Est à bord de l’Orient Express et laissez-vous porter. Reportage.
Retour à l’âge d’or du voyage en train. A quelques pas des rames flambant neuves du TGV Est, les voitures art déco du Venice Simplon Orient Express offrent un surprenant anachronisme. Le ton est donné : plus qu’un simple voyage, le trajet vers Venise s’annonce comme un bond dans le temps. Dès l’embarquement, le personnel en uniforme impeccable fait revivre l’âge d’or du train avec un accueil personnalisé et courtois. En attendant l’heure du départ, direction un salon cosy de la gare pour une collation. Britanniques, belges, français… Chacun se salue, impatient de vivre l’expérience Orient Express.
« En voiture ». Bientôt 22h30. Il est temps de monter à bord. Sur le quai, devant chaque voiture, les stewards accueillent leurs passagers et les guident jusqu’à leur cabine. Petite présentation des équipements et revue de détails. L’intérieur est resplendissant avec une marqueterie de toute beauté et des cuivres rutilants. A peine le temps d’ouvrir sa valise et le train s’ébranle doucement. Un imposant personnage en queue de pie apparaît dans l’entrebâillement de la porte du compartiment : d’un ton solennel presque théâtral, Giuseppe, le maître d’hôtel annonce à chacun l’heure et le lieu du dîner. Smoking ou costume cravate de rigueur pour les hommes, tenues de soirée pour les dames. La devise du Venice Simplon Orient Express : « votre tenue ne sera jamais trop habillée ».
L’excellence en cuisine. Le Venice Simplon Orient Express dispose de trois voitures restaurants à l’ambiance et à la décoration bien différente : marqueterie étincelante pour « l’Etoile du Nord », écrin art déco pour le « Côte d’Azur » et ses panneaux de verre signés Lalique, touches exotiques pour « l’Oriental », habillé de laque noire. Trois occasions d’admirer la finesse de la restauration. La carte, mise en musique depuis 25 ans par le chef Christian Bodiguel, joue, quant à elle, aussi bien sur l’excellence de la présentation que l’originalité des plats, alliant traditions et surprises gustatives. Minuit approche, les voitures restaurants se vident peu à peu : certains passagers regagnent leur cabine pendant que d’autres profitent des divines banquettes de l’accueillante voiture bar, à mille lieux des voitures bars d’aujourd’hui. Derrière le comptoir, Angelo, l’un des barmen, concocte des cocktails aux noms qui excitent l’imagination. La nuit avance. Le moment idéal pour se plonger dans un Agatha Christie…
Le charme des décors alpins. Un conseil pour profiter à plein du voyage : se lever tôt ! Sur le coup de 8h, le train a dépassé Zurich et la ligne de chemin de fer borde un chapelet de lacs de carte postale. Le petit-déjeuner est servi dans la cabine et l’on profite du spectacle. L’arrêt à Buchs, à la frontière de la Suisse, de l’Autriche et du Liechtenstein, pour changer de locomotive, est l’occasion de se dégourdir les jambes et d’admirer la ligne élégante du train, enveloppée d’un bleu nuit éclatant. Le Venice Simplon Orient Express poursuit alors toujours plus vers l’Est, prenant la direction de l’Autriche. La voie s’élève, offrant un paysage alpin spectaculaire. Nouvel arrêt à Innsbruck. Sur le quai de la gare, l’anachronisme est délicieusement cocasse entre des touristes en short et tongs attendant leur train et les passagers de l’Orient Express, tous sur leur 31. Chacun s’observe, un sourire aux lèvres.
Venise approche… En fin d’après-midi, le Venice Simplon Orient Express avale la plaine du Pô et dépasse Vérone. Puis c’est déjà la gare de Mestre et le pont de la Liberté, l’unique pont reliant Venise au continent. Le chef de train, Vincent Gullon, annonce l’arrivée imminente. Tout les passagers sont aux fenêtres, sous le charme de la lagune de Venise mais déçu de savoir le terminus si proche. Le train ralentit et s’immobilise enfin dans la gare de Santa Lucia. Les portes à peine ouvertes, les stewards s’affairent et les porteurs entrent en action. Un dernier regard à sa cabine, un salut au personnel aligné sur le quai, quelques pas vers le hall de la gare, une dizaine de marches… et voilà le Grand Canal. Le voyage continue !
S’offrir un voyage à bord de l’Orient Express.
Voyager à bord de l’Orient Express, pour rejoindre Venise depuis Paris, qui n’en a jamais rêvé ? Tous ceux qui ont lu quelques classiques se sont forcément imaginés assis sur une banquette et dormant sur l’une de ses couchettes de luxe, avant d’être interrogés par Hercule Poireau en personne. Mais il n’y a pas que la littérature, qui a fait la réputation de l’Orient Express. En effet la légende a fait son travail, donnant à un tel voyage un caractère si particulier que nombreux sont les Français qui ont eu envie de pouvoir, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie, voyager a bord de l’orient express et de faire partie de ceux qui ont eu la chance de vivre un rêve éveillé. Il faut dire que si le train qui a inspiré Agatha Christie n’existe plus dans sa forme d’antan, celui qui aujourd’hui rallie Londres depuis Venise est tout aussi luxueux, mais avec une touche de modernité qui lui confère un charme nouveau, qui vient compléter cette image que nous avons tous de ce train capable de traverser l’Europe jusqu’aux confins du continent, à la découverte d’un autre monde.