Découvrir Cuba n’est pas chose facile. Si les clichés de cartes postales sont accessibles à tous, le Régime veille à limiter la curiosité des voyageurs en maintenant une barrière entre cubains et touristes. Visite décalée de l’un des derniers bastions communistes au monde.
LA HAVANE : José Marti vous souhaite la bienvenue !
Dès l’atterrissage, le voyageur est accueilli à l’aéroport Jose Marti, héros de la révolution, fondateur du Parti Révolutionnaire Cubain célébré par Castro, c'est l'une des figures emblématiques de la doctrine communiste cubaineu0085. Le terminal de l’aéroport est blindé, les travailleurs ne semblent pas inquiets de l’affluence. L’attente aux douanes commence, c'est un rituel qui prépare au rythme lancinant de l’île. Quand on passe enfin les portes de sortie, la nuit est noire. La capitale cubaine a beau être une ville de 2,4 millions d’habitants, l’éclairage public se limite aux axes principaux, le reste de la ville demeure dans l’obscurité…
> PREMIÈRES IMPRESSIONS !
. La deuxième chose qui surprendra, est l’absence quasi totale de magasins et de publicité. Ici le monde consumériste est assimilé au modèle américain, l’âge d’or de la consommation n’est pas encore arrivé en tous cas pas sur le marché officiel. L’embargo y est pour beaucoup mais la doctrine veille! Sur les bas-cotés de l’autoroute, les slogans de la Révolution sont peints à la main par des artistes du Parti. Le conducteur de notre taxi hausse les épaules et ponctue notre passage par un discret «eso es pura propaganda» ("ça c’est de la propagande pure!"). L’arrivée de nuit offre la sensation étrange de pénétrer dans un pays qui ne se serait pas réveillé depuis 1956, date de la Révolution. Les silhouettes filiformes des Cadillacs et autres Chevrolets des années 50 ensorcèlent, la lumière toujours tamisée colore la ville d’un voile mystérieux. Plus la peine de regarder votre portable, ici aucun réseau ne passeu0085 Bienvenue à la Havane!
> L'HÔTEL NACIONAL, FLEURON DE L'HÔTELLERIE CUBAINE.
. L’hôtel Nacional se situe en haut du quartier del Vedado, il clôture la promenade du Malecon de façon majestueuse. Son architecture est un mélange flamboyant de style Art Déco et de formes néoclassiques et néo-coloniales. Construit en 1920 il rappelle les complexes hôteliers de Las Vegas. Entre ses murs, se sont succédés les plus grandes personnalités du XXème siècle de Winston Churchill à La Duchesse de Windsor en passant par Joséphine Baker. Mais le lieu eut également des heures sulfureuses puisqu’il fut privatisé en 1940 pour accueillir les membres de la Mafia américaine appartenant à la fameuse "Cosa Nostra"… Aujourd’hui c’est sans doute un des lieux les plus agréables pour observer le coucher du soleil à l’heure de l’apéritif. Une immense terrasse domine l’océan et le Malécon. Vous pourrez y déguster de délicieux cocktails en fumant un cigare. Le service y est assez soigné, l’hôtel reste un des fleurons de l’hôtellerie locale pourtant, inutile d’y réserver une chambre, vous seriez déçuu0085, car elles n’ont pas été refaites depuis 1992 et si le charme y est bien surannée, le confort lui, y est plutôt précaireu0085…
> CALLEJON HAMEL : STREET ART A LA CUBAINE.
. L’éducation étant contrôlée par l’Etat et la création nécessairement au service du Régime, il n’y a que peu d’endroits qui vous permettront d’aborder l’art populaire à la Havane. Pourtant au coeur du quartier El Vedado, il existe un passage où les habitants se sont exprimés: Le callejon Hamel. Ici toutes les maisons et les immeubles sont recouverts de couleurs. D’immenses totems faits de bric et de broc semblent protéger l’espace. Ce passage a été imaginé par Salvador Gonzalez. En 1990 l’artiste commence à déborder de son atelier situé dans le passage qui unit la rue Aranburu à celle de l’Hospital. Les enfants du quartier commencent par être émerveillés et très vite, ils expriment le souhait de participer à cet embellissement urbain. Le peintre commence par organiser des ateliers à leur attention puis, petit à petit, il parvient à impliquer les habitants du coin : il souhaite les initier au street art mais aussi à la santeria, une religion afro-cubaine inspirée du Vaudou… Acte courageux en 1990, car le régime ne tolérait pas officiellement la pratique de cette religion. Aujourd’hui la petite rue est devenue grande et les curieux qui voudront s’initier aux rituels de la santeria pourront le faire en toute liberté. La liberté religieuse a été réaffirmée par Fidel Castro en 1992, sur ce sujet il semblerait que les mentalités aient évolué vers une tolérance totale.
> LE MALECON, ETERNEL RENDEZ-VOUS DES HAVANAIS.
. Le Malecon est l’avenue la plus connue à la Havane, il s’agit de la promenade qui longe la mer depuis le centre historique jusqu’au quartier du haut Vedado. Sur près de huit kilomètres, l’avenue Maceo offre les plus beaux exemples d’architectures coloniales, on pourra y observer la magnifique église de Saint François d’Assise et son couvent, le Castillo de San Salvador ou la fameuse statue de José Marty tournant le dos à l’Amérique… Si l’émerveillement est garanti, le charme du Malecon est avant tout son atmosphère. Il est le lieux de rendez-vous des havanais. On y joue, on y pêche, on y flirte, on y danse même parfois, et on y pratique aussi le base-ball ! Véritable sport national à Cuba, les aficionados pourront facilement échanger avec les autochtones. Et ils ne manqueront pas de vous expliquer que leur équipe est à la tête de 25 titres mondiaux dont trois olympiques, le dernier datant de 2008 contre la Corée du Sud. Si une chose demeure inchangée à Cuba, c’est la passion de ses habitants pour ce sport!
> PRISE DE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE ?
. A environ 70 kilomètres au nord de la Havane, les amoureux de nature seront enchantés de découvrir Las Terrazas. Il s’agit d’un projet éco-responsable créé en 1971 qui vise à protéger la biodiversité de cette région mais aussi à favoriser la culture paysanne. Aujourd’hui un millier d’habitants peuvent vivre grâce à ce projet de tourisme responsable. Au coeur de ce parc, les voyageurs peuvent pratiquer la randonnée, l’équitation mais aussi l’observation des oiseaux. Les plus courageux tenteront de traverser le paysage a toute vitesse grâce à une immense tyrolienne. Un village touristique a également été créé, on y trouve des exemples de l’artisanat local et une ribambelle de souvenirs… Si l’agitation des plages ou des villes vous fatigue, sachez qu’un petit hôtel permet de passer la nuit dans le parc: le Moka, qui dispose de 30 chambres. Rien de luxueux mais être au coeur de cette nature luxuriante offre un charme indéniable et la piscine est plutôt agréable! A Cuba, ce type de projet n’est pas encore commun. Le manque de ressource fait généralement passer les problématiques environnementales au second plan, même si le régime a compris qu’il s’agit d’un enjeu majeur du tourisme actuel…
> LES AVANCÉES DU PETIT COMMERCE.
. Les "cuentapropistas", ce sont les premiers entrepreneurs privés cubains. Dès les années 2000, Castro a commencé à autoriser certaines professions à s’installer à leur compte. Les cuentapropistas sont ceux qui ont officiellement décider de travailler pour eux-même. A la Havane, le changement en 5 ans est spectaculaire ! Une ribambelle de petits commerces ont fleuris aux rez-de-chaussée des immeubles du centre: coiffeurs, restaurants, magasins de souvenirs ont désormais pignon sur rue. La plupart d’entre eux, pourtant, offrent peu de produits, les étals sont souvent vides mais, selon les cubains, il est désormais plus facile de commercer librement. Il faut dire que les caisses de l’état sont tellement vides que le Régime n’a peut-être pas eu le choix… Autoriser l’initiative économique privée est une manière, pour l’Etat, de se désengager de certains domaines de l’économie. Aujourd’hui les commerces se sont multipliés mais ils demeurent très fortement taxés, leurs revenus seraient imposés à plus de 80 %!… Le libéralisme n’est donc pas encore prêt de s’imposer!u0085
> PARI TENU POUR TRINIDAD.
. Si l’arrivée à La Havane peut donner une impression chaotique avec ses travaux et son animation, Trinidad est, quand à elle, bien plus paisible. Si vous y arrivez l’après-midi,la ville sera sans doute plongée dans une douce torpeur tropicale. Les maisons multicolores scintillent au soleil. Trinidad est une ville de fêtards! Et il faut avouer que la surprise est grande lorsque, vers 20H00, la ville sort de sa torpeur. Bars, restaurants et salles de concert se remplissent alors d’une faune éclectique composé de touristes et d’autochtones avides de musique. Le lieux à ne pas manquer c’est "La Casa de la Musica", sur la place Mayor une scène est montée chaque soir et des bars ouvrent sous les arcades, la place se transforme alors en piste de danse en plein air. Pour les plus fêtards, une discothèque dans une grotte sur les hauteurs de la ville "Las Cuevas" permet de se déhancher sur des rythmes électro jusqu’au bout de la nuit! Dans la plupart des bars, vous pourrez écouter de la musique live de qualité. A seulement 10 minutes d’une plage de rêve (playa Ancon), le centre ville offre un patrimoine architectural et culturel d’une richesse incroyable et l’arrière pays est idéal pour pratiquer la randonnée. Les infrastructures hôtelières sont de qualité, comme l’hébergement chez l’habitant. En permanente rénovation, Trinidad est sans aucun doute la plus belles ville cubaine. Son atmosphère festive lui offre un charme particulier. Son développement touristique s'est fait dans le respect du patrimoine, elle reste, encore aujourd’hui, un exemple à Cuba. Ici les effets positifs du tourisme au niveau de l’économie locale sont notables, les habitants semblent vivre plus confortablement que les havanais. Mais comme partout, Trinidad reste un royaume de la débrouille pour trouver des "CUC"!
> LES "CAYOS", DES ÎLOTS DE RÊVE.
. En dehors du patrimoine colonial et artistique, Cuba possède aussi une nature extraordinaire. Il y a bien sûr le Nord de l’île, très vert avec ses grands chemins de randonnées dans les environs de Vinales mais il ne faut pas oublier les plages situées sur les fameux "Cayos". On en compte quatre ouverts au tourisme à Cuba: Cayo Largo sur la mer caraïbe, Cayo Coco, Ensenacho et Santa Maria, sur l’Océan Atlantique. Les Cayos sont de petits chapelets d’îles en bordure de littoral, souvent reliées à Cuba par des routes. Coté paysage, les Cayos rappellent les Keys, en Floride, mais seules quelques unes ont été ouvertes au tourisme. Les infrastructures hôtelières et plus largement touristiques sont ici de qualité. Sur Cayo Santa Maria, l’hôtel Melia Santa Maria a été ouvert en 2001 et il a été entièrement refait en 2012. S’il ne s’agit pas d’un hôtel de luxe, on est ici sur une prestation honorable grâce à de belles infrastructures mais surtout grâce à un service bien plus efficace qu’ailleurs. Entre mangrove et eaux cristallines, les cayos correspondent à la carte postale que chaque voyageur a dans la tête lorsqu’on évoque les plages cubaines. Ici, la farniente est de rigueur, le son des vagues devrait bercer les plus réfractaires. Sur l’ile de nombreuses activités familiales sont proposées, un delphinarium permet même de nager avec de vrais dauphins en toute sécurité…
> INFOS PRATIQUES :
Hôtel Le Nacional de la Havane: Calle 0 esq. 21, Vedado. Ciudad de La Habana. Cuba. Site internet, chambre standart à partir d’environ 80 €.
Plus d'info: http://www.hotelnacional-cuba.com/
Hôtel Moka dans le parc de la Terrazas:Chambre standard à partir de 40 €:
Plus d'info: http://hotelmoka-lasterrazas.com/
Restaurant de La Bastida à la Havane, situé face à l’hôtel Sol, quartier Miramar: Menu complet pour 2 avec une bouteille de vin chilien à environ 40 €.
Bar La Casa de la Musica, à Trinidad: bar très animé avec piste de danse en plein air. Plaza Mayor Casco Histórico, Trinidad.
Hôtel Las Brisas, Peninsula Ancon, Trinidad: Hôtel de type resort relativement confortable qui se situe en bord d'une plage de rêve. Chambre standard à partir d’environ 80 €.
Hôtel Melia Cayos, Santa Maria: chambre standard à partir de 109 € en en forfait tout inclus.