Tout au bout de la Méditerranée, arrivée en Israël, la mer bute sur un drôle d’obstacle: des tours. Car à Tel-Aviv, le premier contact avec la terre est abrupt. Visite d’une originale, limite excentrique, devenue récemment "ville créative" version Unesco…
> Sous le béton, la plage…
. Du côté de Tel-Aviv, la Méditerranée se prend pour l’Atlantique. Elle fait des vagues, des grosses, et la plage s’étend à perte de vue. Mais la plage reste étroite et la comparaison s’arrête là : des tours sont dressées qui barrent l’horizon et gâchent le paysage. Le bord de mer, à Tel-Aviv, c’est du concret, du béton même. D’ailleurs, hors-saison, lorsque le sable redevient désert, entre les tours et la grande bleue, les aires de repos se transforment en terrains de sport. On court, on rame, on pédale, on lance des balles de tous diamètres ; les marcheurs adeptes de la balade contemplative auront, sans doute, du mal à se frayer un chemin. Vue sous cet angle, cette ville qui hésite entre station balnéaire et capitale iodée ressemble à une pub pour vêtements de sport high-tech. Si vous aimez le running, jogging, skating, le vélo, les sports de raquette, notamment le matkots, sans oublier le surf, le stand-up paddle, SUP ou paddle pour les intimes (voire planche à rame, tout simplement), vous serez servis, comblés même!
> Lorsque la mer devient plus qu’urbaine.
. Eh oui, comme Rio ou Barcelone, Tel-Aviv, "Ville blanche" pour les uns, "Hawaï du Moyen-Orient" pour les autres, possède sa plage urbaine. Ses plages plutôt: elles sont 13 et s’étendent sur 14 kilomètres… Évidemment, elles ont toutes leur petit nom. D’Alma, juste avant Jaffa, au sud, à Metzitzim Beach et Tel Baruch Beach, tout au nord, vous aurez l’embarras du choix. À chacune sa personnalité en plus. Alma reste la plus cool, arty de surcroît. On y vient aussi pour le fameux "Manta Ray", restaurant chic et tendance. Banana fait office de "Miami Beach" locale. Givat Aliya, c’est la plage de Jaffa, rocheuse et romantique. Jérusalem accueille les kitsurfeurs. La plage des Religieux est protégée par un mur ; femmes et hommes ne s’y mélangent pas. Hilton est plébiscitée par les gays (dit-on). Les populaires Gordon et Frishman sont envahies par les Français… Bref, Tel-Aviv, côté mer, défend une certaine idée de la liberté et de la tolérance. Au point que certains appellent cet endroit privilégié "la bulle". Une bulle pas près d’éclater!…
> Village people.
. À l’intérieur de cette oasis, fêtards et créateurs se croisent et s’entrechoquent façon électrons libres, histoire de transformer Tel-Aviv en capitale 100 % trendy. Bref, il se passe toujours quelque chose à Tel-Aviv ; tiens, on la surnomme aussi/encore "la ville qui ne dort jamais". Incontournable, le quartier de Neve Tsedek (ou Tzedek) reste emblématique du Tel-Aviv côté jardin. Juste derrière le front de mer, la vraie vie semble reprendre ses droits dans ce quartier des artistes que d’aucuns qualifient de "petit Paris". Bobo et branché, Neve Tsedek a des allures de village fashion. Alors, que reste-t-il du premier quartier juif à être construit hors de Jaffa en 1887, vingt-deux ans avant la création de la ville? De très belles villas parfois Art déco, des rues étroites, quelques oliviers et orangers, des "yuppies" heureux… En tout cas, une jolie balade si possible à pied pour mieux humer l’atmosphère de ce quartier authentique et cher. Idéal pour dénicher quelques cafés avec terrasse ombragée, galeries d’art pour initiés, expos pour passionnés. À ne pas manquer: le centre de danse et de théâtre Suzanne Dellal. Une jolie place arborée, une ambiance anachronique. Pause fraîcheur…
> Vous avez dit Bauhaus ?
. Entre Neve Tsedek et Florentin, faites un petit détour par "Ha Tachana", l’ancienne gare transformée en zone piétonne dédiée au shopping. Pas mal de restos hype, chic ou les deux. Plusieurs marchés où trouver de l’artisanat local, des bijoux et plus si affinités. Un brin surfait parfois. Florentin se montre plus authentique. Plus pauvre aussi. Ce quartier peuplé de petits ateliers s’est métamorphosé en version SoHo new-yorkais: galeries d’art, bars, boîtes, scène indépendante underground animent l’endroit. Quartier d’immigrés, Florentin ne fait pas l’unanimité, mais possède un charme indéniable bien qu’il reste à des années-lumière de l’ultrachic boulevard Rothschild. D’autant que c’est vers Rothschild , notamment rue Bialik et Dizengoff, que l’on trouve les célèbres immeubles Bauhaus; si vous aimez ce style caractéristique, vous serez heureux de savoir que la ville en abrite quatre mille… D’ailleurs, ils sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco (plus précisément trois zones, la Ville blanche, Rothschild et le quartier Bialik). Il y a même un "Bauhaus center" rue Dizengoff pour ceux qui voudraient en savoir plus, visites guidées à l’appui. La rue Dizengoff est également hype et fashion. Si vous aimez la mode…
> Chiner dans les vieux quartiers.
. Bien sûr, vous êtes aussi à Tel-Aviv pour chiner. Un classique: le "marché aux puces d’Hapishpeshim". Un vrai souk à Jaffa: des boutiques à perte de vue (y compris design), bric-à-brac et terrasses se partagent la chaussée. C’est authentique, parfois toc, souvent chic. En tout cas populaire. Et vous aurez le plaisir de déambuler dans le plus vieux marché de Tel-Aviv; il ne fait pas ses 250 ans… Profitez-en pour parcourir Yafo (Jaffa), le plus vieux port du monde, paraît-il. Un lieu où Arabes et juifs cohabitent depuis belle lurette. Au sommet, un petit parc, des monuments et une vue à 360°. Pas mal de civilisations ont vécu là et y ont laissé quelques traces. On peut même admirer le dernier oranger de Jaffa… en pot et drôlement suspendu !
> Tel-Aviv, se la joue trendy…
. Mais, en contrebas, la ville moderne vous tend les bras. Entre le souk Ha’Carmel, Nahalat Binyamin (aussi Nahala ou Ha’Nahala) et le quartier yéménite (Ha’Kerem), vous ne saurez plus où donner de la tête si vous êtes accro à la mode, au design, à la création tous azimuts. La plage et ses tours sont loin. C’est une autre ville, de petits immeubles pas tous rénovés, des créateurs un peu partout, des boutiques, des cafés. À vérifier dans les rues Malan, Knafé-Nésharim, Meir et Rabbi-Akiba… Ici, trouver une terrasse pour souffler au calme relève de l’art de vivre.
> Quelques bonnes adresses:
Un resto 100 % chic: Messa, Haarbaa 19.
Une boutique 100 % cuir et sacs: Hilla Toledano, Rambam 5, www.hillatoledano.com
Un lieu 100 % new age + zen = terrasse: The Prince, Nahalat Binyamin 18, www.facebook.com/theprincetlv
Une boutique 100 % déco: Hafatzim, à Neve Tsedek, www.hafatzim.com
Un bar, resto, 100 % scène alternative: le Shafa bar, à Jaffa.
Un piano-bar 100 % singulier: le Zou Bisou, sur Ben Yehuda.
Un resto 100 % israélien: le Port Said, sur Har Sinaï, avec un marché aux disques en prime.
Une galerie 100 % design: Design Space, www.designspacetlv.com
Un hôtel 100 % luxe: classé au patrimoine mondial de l’Unesco, l’Alma & Lounge, sur Yavné, www.almahotel.co.il
Un créateur 100 % fashion: The Northern Star, par Nadav Rosenberg, El’azar ben Azarya 14, www.northern-star.co.il