Il semblerait que l’Espagne (et ses îles) soit devenue la coqueluche des touristes français en quête d’exotisme à moindre frais et d’horizons sans nuages, qu’ils soient météorologiques ou politiques… Alors durant les vacances, les Baléares et les Canaries sont prises d’assaut, comme la Catalogne et la Costa brava, nouveaux Eldorados de la manne estivale européenne. Mais nous allons vous révéler un secret, déjà connu des anglo-saxons et des surfeurs de tous horizons, mais pas encore du commun des mortels français : nous allons vous parler de Lanzarote…
Il ne s’agit pas d’une île de plus dans le chapelet off shore de l’Espagne. Lanzarote est bien plus que cela et la passion qu’elle insuffla à l’artiste espagnol César Manrique vous apparait très vite comme justifiée, à peine débarqué, que dis-je, à peine survolée…Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier cette îles (très) volcanique et chaque étape de sa découverte les fait jaillir comme autant d’évidences. Les amoureux de la nature, les photographes, les trekkeurs, les passionnés de volcans, les découvreurs, les surfeurs et autres inconditionnels de la mer y trouveront largement leur compte : Lanzarote a de quoi satisfaire un large public, elle ne peut pas décevoir !
Lanzarote, l’île noire
L’HÔTELLERIE :
Avant de nous lancer dans l’apologie de la destination, il est important de préciser aux pointilleux du luxe normé, que l’hôtellerie locale a une petite tendance à « l’auto-sur-classification », surtout pour les anciens établissements. En revanche, les propriétaires des nouveaux hôtels adoptent plutôt un profil bas et ne courent pas après des étoiles imméritées, évitant ainsi les taxes exorbitantes à payer pour la catégorie 5*…
Si les hôteliers traditionnels se sont longtemps contentés d’aligner d’énormes bâtiments avec plusieurs centaines de chambres, le virage du changement est aujourd’hui amorcé et de jolis boutique-hôtels surgissent ça et là, que ce soit en ville ou au bord de la mer, comme à Costa Teguise. Pour les détails, nous consacrerons très prochainement un article à cet aspect de l’île.
DECOUVERTE :
Pour avoir personnellement souffert du manque d’intérêt et d’activités accessibles sur une île voisine de Lanzarote durant de récentes vacances, je tiens à vous rassurer: nul doute qu’une semaine ne suffira pas aux plus curieux pour découvrir les secrets et merveilles de cette île perdue à quelques encablures des confins de l’Afrique sub-saharienne.
LES PLAGES :
Pour ceux qui voyagent « façon tournedos », les plages sont très nombreuses, petites et grandes, près des villes ou isolées, blanches ou blondes, grises ou noires, ventées ou abritées… il y en a pour tous les goûts et vous trouverez forcément celle qui vous convient. Cette (bio) diversité évite en général la promiscuité et vous êtes sûr de pouvoir trouver un coin tranquille, si vraiment vous le souhaitez. Un détail quand-même, l’été est très chaud à Lanzarote et les crèmes indice 30, voire 50, ne sont pas du luxe…
CESAR MANRIQUE :
Pour les découvreurs, Lanzarote a son fil rouge: le peintre-sculpteur-plasticien-décorateur-urbaniste et architecte César Manrique, natif d’Arrecife, la capitale. Son nom et ses oeuvres sont partout. Il était déjà considéré, là-bas, comme un bienfaiteur de son vivant. Tout ce qui porte une empreinte culturelle ramène directement ou indirectement à cet artiste prolifique tombé lui-même en amour avec cette île, dont il a puisé la substantielle lave pour la transcender en moelle créatrice. Malgré sa disparition en 1992 dans un accident de voiture, son influence est omniprésente, tant l’homme était prodigue. On retrouve ses créations parfois gigantesques et incontournables dans les ports, les jardins, les fermes, aux ronds-points et dans les espaces publics, partout en ville…
Jamais, sans doute, un artiste n’aura été à la fois autant inspiré par son environnement et ne l’ aura autant marqué de son empreinte, sauf Gaudi à Barcelone… Ses nombreuses rencontres avec des artistes à l’étranger influenceront les différentes périodes de sa créativité avant de revenir à Lanzarote en 1966 où il subira la totale et indéfectible influence de son île natale qui l’amènera au concept de « l’Art/Nature ».
Sa quête d’osmose entre la nature si particulière de son île adorée et l’art, aboutira à un autre concept encore plus large, « l’Art Total », mêlant toutes les techniques artistiques aux inspirations extérieures, dont les éléments naturels, pour les transcender et les faire fusionner avec son environnement, lui permettant ainsi de partager son art avec le plus grand nombre.
Entre parenthèses, c’est grâce à son travail de promotion de l’île à l’international que Lanzarote fût déclarée Réserve de la Biosphère par l’Unesco en 1974…
Parmi les réalisation de César Manrique, certaines sont devenues des lieux de visites, voire de pèlerinage, où des millions de touristes se ruent chaque année. C’est le cas de Jameos Del Agua, un immense tube volcanique où s’infiltre la mer, créant des piscines naturelles. L’artiste a fait aménager différents espaces conviviaux dans les immenses salles de lave, comme un restaurant et un bar, ainsi qu’un immense auditorium où sont aujourd’hui organisés concerts et événements. L’endroit est géré par la région et peut être privatisé, seul moyen pour profiter de la piscine épousant une bulle de magma que Manrique avait imaginée pour que tout le monde en profite. Mais ça, c’était avant…
La seconde visite incontournable de Lanzarote, même si vous ne désirez pas spécialement suivre les traces du célèbre bienfaiteur de l’île, est la fondation qui lui est consacrée. Ce lieu d’exposition est installé dans sa propre demeure de 1.800 m² et 1200 m² de terrasses, sur un terrain de 33.000 m² de lave noire surgie de terre vers 1730. Il a surtout une vocation didactique, initiant le visiteur à la démarche artistique et écologique de Manrique tout au long de sa vie. Là encore, l’artiste a épousé les formes du terrain volcanique et utilisé les excavations naturelles formées par la lave et le gaz, pour créer ici un salon, là une piscine, ou encore un patio avec four à pizzas, une cuisine, des chambres, salles de bains, etc…
Les oeuvres exposées émanent de divers artistes contemporains des Canaries et 3 salles sont consacrées aux oeuvres du « Maître de maison ». Cette fondation fût inaugurée en 1992, l’année de sa mort.
Enfin, dernière étape du circuit labellisé Manrique le plus court, Arrecife, capitale de Lanzarote. Vous devez consacrer au moins un après-midi à la découverte de cette petite ville, pour au moins deux raisons. Primo l’île étant une zone franche, le shopping (vêtements de marques, parfums, etc…) y est particulièrement intéressant. Quelques places anciennes de cette « ciudad del mar » affoleront les photographes, rappelant tantôt le Pérou, le Nord du Mexique dit « colonial » ou simplement l’Espagne pré-Franco, nonchalante et paisible. Pour déjeuner il y a pléthore d’endroits simples et accueillants ou les tapas espagnoles se mêlent avec bonheur aux spécialités culinaires de Lanzarote. Vous aurez un bon choix de restaurants typiques autour de la petite « marina« , à proximité immédiate du centre historique. Mais l’endroit le plus branché de la ville est le Castillo San José, ancienne forteresse d’observation d’Arrecife, transformé en musée, le MIAC, à la gloire des artistes locaux. Si les oeuvres exposées méritent la visite, c’est surtout le restaurant QUEMUAK que vous ne pouvez pas manquer. Nous vous recommandons de réserver votre dîner à l’avance, car en saison l’endroit est très couru et les tables peu nombreuses. La vue sur le port industriel au couchant est tout simplement splendide (so romantic !) et la carte riche en produits locaux réserve de très belles expériences aux becs les plus fins.
US ET COUTUMES de Lanzarote
Lanzarote ne manque pas de centres d’intérêt si l’on s’intéresse à l’histoire et aux coutumes des pays que l’on visite… Le musée agricole « El Patio » est une ferme du début du XIXè siècle « dans son jus », où l’on vous explique le mode de vie campagnarde, des éleveurs aux agriculteurs, en passant par les vignerons. L’endroit est agréable et une petite dégustation de produits locaux s’imposera, sans vous ruiner, car à Lanzarote on n’assomme pas les visiteurs…
LA NATURE, LES VOLCANS :
Côté nature, l’île foisonne de découvertes pour les aventuriers, les sportifs ou simplement les curieux et autres amateurs de souvenirs visuels. Les grottes de la « Cueva de los Verdes » raviront les amateurs de marche souterraine (attention à la tête…). Mais si vous ne deviez sortir qu’une fois de votre hôtel pour visiter Lanzarote, il faut impérativement donner la priorité au Parc National des volcans de TIMANFAYA. Les panoramas sont époustouflants et vous ressortirez de là en sachant tout sur les volcans de la région. Un bémol à signaler tout de même: la visite se fait impérativement en car (très moderne et confortable) et personne ne peut en sortir durant la « descente aux enfers »…(les incivilités répétées des touristes durant des années on obligé les autorités des parcs nationaux à prendre cette décision pour éviter la pollution des lieux…).
Si vous avez un bon guide, les secrets de la faune et la flore (parfois endémiques) du parc vous seront révélés. A vous de lui poser les bonnes questions !
ACTIVITES AQUATIQUES :
Parmi les découvertes possibles, ne jamais oublier que l’on est sur une île… Cela implique de nombreuses possibilités d’activités aquatiques, et en cela, Lanzarote n’est pas avare de propositions. Le surf est l’une des grandes spécialités des Canaries et vous pourrez facilement prendre des cours, quel que soit votre niveau, ou tout simplement vous éclater si vous êtes déjà aguerri. Les sorties en mer vous donneront aussi l’occasion de faire du snorkeling ou de la plongée avec bouteille. La encore de nombreux clubs (Paddy en général) proposent des stages tous niveaux, à des conditions beaucoup plus intéressantes que dans beaucoup de pays… Pour vos sorties en mer, vous pouvez décider de vous joindre aux grands bateaux à fond de verre, mais l’idéal étant, bien sûr, de louer votre propre bateau, à voile ou à moteur, pour éviter les « mouvements de masse ». L’une des excursions les plus proposées est la visite de la petite île voisine de « La Graciosa » ou un charmant et authentique village de pêcheurs vous ramènera quelques décennies en arrière, à Saint Tropez avant l’arrivée de B.B et la faune de fêtards qui la suivirent…
Vous l’aurez compris, Lanzarote n’est pas une île comme les autres. Ni une émeraude comme la Réunion, ni un rubis comme Madagascar, ni un diamant blanc-bleu comme Zanzibar… Lanzarote se contente d’être une perle noire perdue dans l’Atlantique, mais une perle rare, de la plus belle forme et entourée de la plus belle eau. Alors pourquoi pas pour les prochaines vacances de Pâques ou l’été prochain ?
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