Royaume du farniente décomplexé et camaïeu en vert et bleu, l'Ile Maurice n’est pourtant ni une simple carte postale, ni un endroit de luxe creux. La grande dame de l’Océan Indien fait aussi la part belle aux émotions. Place à l’éveil des sens…
L'ouïe : le séga. Le cœur de l’Ile Maurice bat au rythme du séga. Cette musique traditionnelle a pour origine le folklore des esclaves noirs d’Afrique et de Madagascar. Les chants et danses avec tambours qu’ils ont introduits dans l’île se sont conjugués au XIXe siècle à la culture des travailleurs indiens des champs de cannes à sucre. Un déhanché très particulier, le frottement des pieds nus, et les textes créoles sont caractéristiques d’une véritable coutume. Séga traditionnel, avec pour seuls instruments la ravanne, la maravanne et le triangle, ou séga moderne, saupoudré de guitare électrique, de basse et de batterie : lequel sera le vôtre ?
La vue : la Terre des Sept Couleurs. Au sortir du village de Chamarel, au sud-ouest de l’île, et au bout d’une route cabossée bordée de caféiers, rendez-vous sur « la Terre des Sept Couleurs ». Il s’agit d’une colline et d’ondulations de terrain de couleurs contrastées, ces parcelles multicolores étant le résultat de l’érosion. Les étonnants ocres, violets, rouges et autres bruns sont dus aux oxydes minéraux que ces dunes de terre contiennent. Curiosité géologique unique à Maurice, le lieu attire chaque année de nombreux visiteurs. Et, surprise, à peine tente-t-on de mélanger ces cendres volcaniques que, quelques heures plus tard, les couleurs sont à nouveau séparées, reprenant farouchement leur nuance primitive !
Le toucher : le lac sacré. Haut lieu de pèlerinage des Mauriciens de foi hindoue, on trouve à Grand Bassin les représentations de Ganesha et Shiva. La légende veut que ce dernier, alors qu'il s'émerveillait de la beauté de l’île Maurice, y laissa choir quelques gouttes de l'eau du Gange. L'eau, tombée dans un cratère éteint, se transforma en lac. En 1898, un sage hindouiste vit en rêve que Grand Bassin n'était autre qu'une résurgence du Gange, rivière mère de l’Inde. Depuis, il est le théâtre de la fête du Maha Shivaratree (en février/mars), accueillant chaque année plus de 300 000 personnes vêtues de blanc et venues à pied de toute l’île. A "Ganga Talao", on vient purifier son corps. La coutume est importante, puisque plus de la moitié de la population mauricienne aujourd’hui est de confession hindouiste
L'odorat : essentiel ylang-ylang. Grand arbre à feuilles ovales, aux fleurs jaune-vert très odorantes, l'ylang-ylang peut atteindre cinq mètres. Le domaine éponyme, unique à Maurice, présente cent hectares et quelques quinze mille arbres. Situé au sud, près de Vieux Grand Port et au pied de la montagne d’Anse Jonchée, il abrite aussi la seule distillerie produisant de l'huile d'ylang-ylang sur l'île. La méthode de fabrication, dans un vieil alambic traditionnel, n'y a pas changé depuis 200 ans. L'huile d'ylang-ylang, véritable or vert mauricien est très recherchée car elle entre dans la fabrication de nombreux parfums et est connue pour son action régénérante sur la peau et les cheveux, et apaisante sur l’esprit et les émotions
Le goût : l’aventure du sucre. Maurice s'enorgueillit d'une tradition sucrière fortement ancrée. A partir de 1598, les Hollandais qui occupent l’île y introduisent la culture de la canne à sucre. Depuis cette époque, les mauriciens ont développé leur savoir-faire dans la fabrication de sucres spéciaux. Principalement destinés au marché européen, ces sucres non raffinés et traités sans additif sont exportés depuis 1978. Leur production annuelle atteint près de 80 000 tonnes. Pour comprendre l’histoire de l’île et découvrir les variétés et les secrets de fabrication du sucre, rendez-vous à Beau Plan, à "l’Aventure du Sucre", ancienne usine sucrière de 5000 m² reconvertie en exposition moderne