La Nouvelle-Orléans, la plus "frenchy" des villes américaines, est restée la plus accueillante cité U.S.
Autant en emporte l'ouragan…
Si l'on devait retenir un prénom symbolique pour la Louisiane, Scarlett nous semble nettement plus approprié que le nom d'un cataclysme!… d'autant que les dégats causés par le dernier ouragan sont quasi insignifiants et que les traces de Katrina sont effacées depuis belle lurette, surtout à la Nouvelle Orléans où le fameux "Vieux carré", historique et emblématique, avait été pratiquement épargné par la catastrophe. La page est tournée, la joie de vivre des habitants est intacte, l'accueil super chaleureux (surtout quand on est Français…), la musique omniprésente, la cuisine délicieuse et tous les (bons) clichés qui ont fait l'attrait de cette ville et sa région vous attendent pour un séjour hédoniste.
Une ville américaine atypique, à taille humaine
Lovée dans un "S" du Mississippi, entre le Lac Ponchartrain et le Golfe du Mexique, cette ville des Etats-Unis ne ressemble à aucune autre. Son histoire et son brassage ethnique lui ont apporté un supplément d'âme qui la rend très attachante. Sa taille humaine pour commencer, qui permet de s'y balader à pied, en tramway ou en calèche. Son architecture ensuite, qui permet de passer d'un siècle à l'autre, entre les buildings de verre du quartier des affaires et les bâtiments anciens de style créole du "Vieux carré", les superbes propriétés "Antebellum" du Garden District, ou encore les maisons de style "plantation" que l'on trouve Ave St Charles, entre deux rangées de chênes centenaires. Pour les amateurs d'objets anciens et d'art, la ville regorge de brocantes et de galeries, comme sur Royal Street. Pour les Américains qui y ont repris leurs habitudes depuis 3 ans, tradition puritaine oblige, c'est la ville où l'on se lâche… On y vient pour s'amuser et bien manger, à l'occasion des différents festivals de musique et du carnaval de Mardi-Gras.
Tout pour la musique
La musique est indissociable de la Nouvelle-Orléans. Blues, Jazz, Blue Grass, musique Cajun, ragtime, Rockabilly et Rock bien rauque du Sud résonnent partout, comme un hymne perpétuel à la vie. C'est cette bonne humeur qui fait tout le charme de la Nouvelle Orléans et qui donne du relief à son histoire, son architecture et ses multiples attraits touristiques. Les premiers clubs de jazz ont éclos dans Storyville, ancien quartier des maisons closes, associant ainsi cette musique à la débauche…Tout ce qui compte de stars du genre ont vu le jour ou débuté leur carrière dans cette ville, comme Louis Amstrong, Sidney Bechett, Cab Calloway, Ella Fitzgerald et autres Count Basie,… La ville entière est une salle de concert à ciel ouvert. En vous baladant la journée, vous croiserez des musiciens à tous les coins de rue, dans tous les parcs, dans de nombreux bars et restaurants, surtout dans la vieille ville. Mais c'est la nuit que les choses sérieuses commencent… Bourbon Street est la plus grande concentration de bars et de restaurants musicaux de la planète et vous pourrez y assister à un concert d'artistes plus ou moins connus pour le prix d'une bière ! Mais des endroits plus sélectifs comme Donna's bar (Rampart Street), Palm Court Jazz café (Decatur Street), Snug Harbor (Frenchmen Street) ou encore Howlin' Wolf (S.Peters Street) offrent aux fans du genre les meilleures affiches de la ville.
Le légendaire "Jazz Fest"
Le New-Orleans Jazz and Heritage Festival (ou Jazz Fest) a réuni 350 fans pour sa première édition en 1970…. Plus de 500 000 personnes s'y rassemblent aujourd'hui sur 10 jours, chaque année de fin avril à début mai. C'est, avec Montreux, en Suisse, l'évènement le plus attendu des fans de jazz dans le monde. Chaque année, les meilleurs musiciens américains s'y produisent, stars ou pas. Le Jazz Fest n'est pas qu'institutionnel et tous les clubs du quartier français rivalisent de concerts plus ou moins prestigieux. C'est aussi l'occasion pour le style "heritage" de s'exprimer, avec de nombreux groupes cajuns et zydecos les plus connus qui se donnent en représentation. Si vous voulez découvrir une autre Amérique et vous éclater dans une atmosphère à la fois chaude et très conviviale, allez-y, (26 avril au 5 mai 2013), ambiance garantie !
Les grandes attractions de l'été sont le "Satchmo Summerfest" (du 3 au 5 août 2013), avec concerts, expositions et conférences en hommage à Louis Amstrong, le "Southern Decadence", festival gay and lesbian de la Nouvelle Orléans (28 août au 2 septembre 2013), sans oublier Halloween qui prend ici une dimension particulière avec les influences "vaudou" sur l'Halloween Street Party (29 octobre) dans Bourbon Street. Un bal des fantômes se tient à l’hôtel Monteleone, pour les amateurs de frissons paranormaux…
Carnaval de Mardi-Gras
Grand délire de la Nouvelle Orléans: la période de Mardi-Gras. Les Américains de tous âges, de toutes cultures et de tous milieux sociaux s'y donnent rendez-vous pour des nuits très hot. Si les défilés du Mardi-Gras sont l'apothéose visuelle et colorée de cette effervescence, l'ambiance bat son plein dès le début du mois de janvier et les rues du "Vieux Carré" sont prises d'assaut chaque soir par une foule bigarrée et en délire, en quête d'ivresses en tous genres… Depuis les balcons, des groupes sèment cotillons et breloques par poignées sur les passants en contrebas, récompensant souvent les tenues et les déguisements les plus originaux ou aussi les plus jolis décolletés, dont il faut parfois prouver l'authenticité… Cette folie dure environ deux mois, avec, en point d'orgue, le carnaval et ses parades de chars dignes des plus beaux carnavals du monde, mais aussi, plus original et unique, une parade de chiens déguisés… Tordant ! Le prochain carnaval aura lieu le 12 février 2013 et si vous souhaitez vous y rendre, réservez longtemps à l'avance, car les hôtels sont débordés chaque année !
Cajuns et bayous
Si la Nouvelle Orléans mérite à elle seule le déplacement, ses alentours valent bien quelques jours de plus sur place. Particulièrement à l'Ouest de la ville où deux routes vous conduiront vers le territoire Cajun (route 49, vers Lafayette) et vers les grandes plantations (route 10, vers Bâton Rouge). Delta du Mississippi, cette région qui sert d'éponge aux crues de l'impétueux fleuve, est traversée par un entrelas de canaux où la nature est si particulière, les fameux "bayous", qui forment un réseau navigable de 14 000 km, autant ne pas s'y perdre… C'est une zone marécageuse inhospitalière et magnifique où les amoureux de nature pourront observer à loisir les très nombreuses espèces d'oiseaux qui y ont élu domicile, ainsi que les alligators qui y pullulent. Les Cajuns y sont les maîtres et ces descendants d'acadiens chassés du Canada par l'ordre anglais en 1764, ne sont pas peu fiers de leurs origines françaises, même si la langue de Molière (interdite au début du XXè siècle, puis de nouveau autorisée dans les années 50) y a subi de très sérieux coups de serpe… Ce peuple très attachant vous accueillera pour vous faire partager sa cuisine, sa joyeuse musique Zydeco, sorte de country jouée au violon, accordéon et guitare ou banjo qui évoque souvent et paradoxalement, la douleur de l’exil ou le départ de l'être aimé. Participez, si l'occasion se présente , à une soirée « Fais dodo », pour boire et danser dans une ambiance conviviale et bon enfant.
Great River Road, en remontant le temps
On ne peut pas écrire sur la Louisiane sans évoquer les plantations, d'abord de coton, puis de canne à sucre, qui ont fait la richesse de la région depuis deux siècles, avec l'histoire de l'esclavagisme en toile de fond. Au fil du temps, ces immenses territoires agricoles ont été lotis et des magnifiques demeures qui faisaient la fierté de leurs propriétaires il n'en reste que très peu en état de faire apprécier la splendeur de cette époque. En une journée de voiture sur la Great River Road (route 61) vers Bâton Rouge, vous pourrez en visiter les plus beaux fleurons. Les bâtisses sont "dans leur jus", même si meubles et bibelots sont rarement d'origine, mais toujours d'époque, amoureusement réunis par des familles passionnées et patiemment chinés dans les brocantes de Louisiane. Au cours de cette remontée dans le temps, une halte déjeuner au restaurant "Grapevine café and gallery" sera une excellent occasion de goûter les meilleures spécialités cullinaires de la région, avec en plus les commentaires souriants de Cynthia, propriétaire et chef des lieux. C'est l'occasion de tester la soupe de tortue, le "gombo" ou les différentes préparations de "crawfish" (écrevisses) en bisque ou à l'étouffée… Quitte à faire une entorse à votre régime, laissez-vous tenter par le dessert "maison", le "Chocolate pecan pie", une sorte de fondant au chocolat avec des noix de pécan, nappé de crème vanillée chaude… un vrai délice !
Décors de films en cinémascope
La plus connue des grandes plantations pour son allée de chênes centenaires est "Oak Valley", à "Vacherie". C'est un très beau musée qui donne la mesure des conditions de vie des grands propriétaires terriens au XIXè et chaque groupe ou famille de visiteurs a son propre guide (en anglais). Dans ses jardins, une plaque d'origine énumère la valeur des esclaves, en fonction de l'âge, du sexe, de la forme physique et des aptitudes… prix de départ: 15 dollars ! Les petits cottages proposés à la location sont de confort très sommaire et les meubles en rotin peints à la main et le manque de déco n'inspirent pas à y séjourner. Le style "Antebellum" est parfaitement représenté par "Nottoway", la plus grande des plantations du sud, à White castle. D'une surface habitable de 1700 m², elle propose 13 chambres dont la plus grande est la "suite des maîtres", avec son mobilier et sa décoration d'origine. Un chef français vous donnera sa version des spécialités locales au restaurant de Nottoway. Un autre style, le "Greek revival" vous attend à "Madewood Plantation". Cette architecture un peu tape-à-l'oeil est très représentative du désir des planteurs d'étaler leur richesse aux yeux du monde. Superbement entretenue et plusieurs fois restaurée, Madewood et ses boiseries étincelantes vous proposent de séjourner en 1/2 pension dans 5 chambres élégantes du bâtiment principal, ou l'un des 4 cottages indépendants. Néanmoins, si vous souhaitez passer une ou plusieurs nuits dans l'une de ces magnifiques demeures,"Bocage" nous semble le meilleur choix. Remise à neuf en 2008 pour la sauver de la ruine, cette très élégante propriété de 4 chambres (environ 250 $ la nuit) vous accueillera dans un cadre raffiné où chaque objet est chargé d'histoire napoléonienne, le "dada" du propriétaire. Si les meubles rustiques du 19è siècle sont pesants ailleurs, notamment dans les chambres, luminosité, choix des peintures et objets de décoration rendent l'ambiance nettement plus agéable à Bocage. La Directrice des lieux, Ukrainienne d'origine, puits de culture et parlant parfaitement le français, saura rendre votre séjour inoubliable et passionnant. Bocage n'étant proposé qu'en formule "B & B", profitez de sa proximité (à quelques centaines de mètres) avec "Houmas House" , autre plantation sertie au coeur d'un jardin magnifique, qui sera votre rendez-vous culinaire sur place, entre spécialités locales et "french touch". La carte de Kevin Kelly est si riche que nous ne saurions orienter votre choix, sauf que vous avez de fortes chances de vous régaler. Et tant qu'on y est, avant le dîner, allez déguster un vieux rhum ou un grand whisky à "la garçonnière", le plus charmant bar du pays…
Dans les assiettes
On ne peut comparer la cuisine de Louisiane avec aucune autre. Les influences françaises, espagnoles, africaines, créoles, indiennes, italiennes et les mélanges d'épices savamment dosés en font, de très loin, la capitale gastronomique des Etats-Unis. Parmi les plus connues des spécialités, on trouve le "jambalaya", sorte de paëlla locale à base de riz, de viande et de crustacés, où les herbes, le piment, le poivre d'espagne et le sassafras côtoient l'oignon et l'échalote… à tomber ! Les écologistes ne goûteront pas la soupe de tortue, autre spécialité, mais se délecteront sûrement de "gumbo", sorte de soupe très épaisse (façon bouillabaisse), à base de crabe, de crevette, de saucisse et de riz épicé… une autre tuerie ! Le "crawfish" qui pullule dans les bayous (l'écrevisse) est à la base de nombreuses spécialités, cuites, frites, grillées, en court-bouillon, en sauce, à la nage, en beignets. En ville l'on mange plutôt bien en général, mais quelques adresses ne font pas de mal… Commençons par un monument national, "The commender's Palace", le plus vieux restaurant du pays. Un autre établissement réputé dans le Vieux Carré, le "Arnaud's", avec un grand choix, une excellente carte des vins et des serveurs francophones. Vous apprécierez aussi les prestations du "Peristyle", d'"Alex Patout", du "Brennan's", du "Broussard" et du "Palace café". Quoiqu'il en soit, tentez l'aventure gustative avec des mets locaux, vous ne serez pas déçus.
S'y rendre et où dormir
Pour un séjour pur en Louisiane, Delta Airlines (vol quotidien) vous fera passer par Atlanta, son hub. Vous pouvez y séjourner ne serait-ce que pour visiter les studios CNN et le Coca-Cola center… Sinon un vol domestique d'à peine plus d'une heure, après une connexion assez courte, vous déposera à la nouvelle Orléans. Pour un séjour combiné avec d'autres états américains, comme la Floride ou le Texas, calculez votre itinéraire et votre compagnie en fonction de votre ville d'entrée et de sortie du territoire. Une fois sur place un grand choix d'hôtels vous attend. L'important est de savoir si vous souhaitez être au coeur de l'action… ou plutôt en retrait du tumulte. De nombreuses chaînes comme Hilton, Sheraton, Marriott ou Crowne Plazza sont présentes, entre le quartier des affaires et le coeur de la ville. Dans ce style le Ritz Carlton nous semble une bonne alternative, proche de tout et sans surprise. Le Roosevelt est aussi une adresse emblématique de la ville avec un Spa Guerlain. Encore une institution, le "Monteleone" (570 chambres) est à un bloc de la vie nocturne et de ses turpitudes. Mais les hôtels les plus charmants se trouvent dans le "Vieux carré" et sont souvent bien isolés du bruit. Si vous voulez (parfois) dormir, assurez-vous bien, quand même, qu'on vous réserve une chambre sur la partie arrière de l'hôtel, pour éviter tout désagrément. Au coeur de tout, dans Bourbon Street même, vous pouvez rester à l'hôtel "The Inn On Bourbon", charmant 4* de 185 chambres au style un peu désuet, qui colle bien à l'ambiance orléanaise. Les balcons de l'hôtel permettent d'assister aux festivités "de chez soi". Les amateurs d'hôtels branchés préfèreront le "W New Orleans" (bien préciser "French Quarter", car il y en a 2 dans la ville), alliant à la fois situation privilégiée, ambiance zen et confort moderne.
Pour en savoir plus: www.nouvelle-orleans.fr