> La "liste noire" de la Commission européenne
. Pour choisir une compagnie aérienne en connaissance de cause, vérifiez d’abord qu’elle ne figure pas sur la liste noire de l’Union européenne. Depuis mars 2006, la Commission européenne tient effectivement à jour une "liste des compagnies aériennes qui font l’objet d’une interdiction d’exploitation dans l’Union Européenne". Ces compagnies aériennes, "jugées peu sûres", ont interdiction de voler dans l’espace aérien européen. Régulièrement mises à jour, cette liste d’une dizaine de pages est librement consultable en ligne. Vous y trouverez une centaine de noms, principalement des compagnies des anciennes républiques soviétiques, d’Afrique et d’Asie avec en tête l’Ukraine, la république kirghize, la République démocratique du Congo, le Gabon et l’Indonésie. Quelques compagnies aériennes indésirables dans le ciel européen : l’ukrainienne Ukrainian Mediterranean Airlines, les indonésiennes Air Pacific Utama et Airfast Indonesia ou la gabonaise Sky Gabon.
. Précision importante toutefois : comme le précise la Commission européenne, « le fait qu’une compagnie aérienne ne figure pas sur la liste communautaire ne signifie pas automatiquement qu’elle respecte les normes de sécurité applicables ». La liste étant établie à partir des inspections inopinées menées par l’aviation civile des États membres de l’Union, la Direction générale de l’aviation civile pour la France, il est donc impossible de contrôler tous les avions qui atterrissent dans chaque aéroport. En d’autres termes, la liste est un premier élément d’information mais il n’est pas suffisant.
> Le label horizon Assess Air
. Après le crash du Boeing 737 de la compagnie aérienne Flash Airlines à Sharm-el-Sheikh en 2004, le débat avait fait rage entre la supposé fiabilité des compagnies régulières d’un côté et la soit disante dangerosité des compagnies charters. Les choses sont toutefois bien plus complexes. En France, toutes les compagnies sans exception sont soumises aux règles et aux contrôles de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Impossible de s’y soustraire ! Sachant qu’en cas de doute ou d’infraction, la DGAC a toute latitude pour interdire de vol un appareil.
. Mais pour répondre aux inquiétudes, le gouvernement a lancé en septembre 2006 le "label horizon Assess Air". Objectif : "constituer une triple garantie pour les passagers aériens empruntant un vol d’une compagnie labellisée : garantie de sécurité, garantie de transparence et garantie de qualité. La compagnie aérienne doit ainsi répondre de manière positive à chacun des volets pour être détentrice du label". Pour l’heure, 4 compagnies disposent de ce label : Aigle Azur, Air Méditerranée, Europe Airpost et XL Airways. Attribué pour 3 ans, sous réserve de résultats positifs aux évaluations initiales et intermédiaires, ce label reste toutefois uniquement franco-français.
> Les bons élèves… et les mauvais
. En matière de sécurité, l’idéal consiste donc à croiser ses sources. En complément de la liste noire et du label horizon, vous pouvez ainsi consulter Securvol, un site édité par François Nénin, un journaliste d’investigation qui a dirigé pendant près de quatre ans les rubriques Transport et Tourisme du magazine 60 Millions de Consommateurs. Auteur des livres Transport aérien le dossier noir et Crashs aériens ce qu’on vous cache, il tient sur son site la chronique des accidents aériens. Mais surtout, il actualise un "baromètre" sur toutes les compagnies aériennes mondiales. Un classement basé sur les notes attribuées par l’Observatoire de la sécurité aérienne et du tourisme, une organisation indépendante suisse.
. Le baromètre se partage en 5 catégories, du "Groupe A", les compagnies proposant un bon niveau de sécurité, au "Groupe E", les compagnies aériennes interdites en Europe "ou à interdire". Dans le groupe A, on retrouve les grands noms du transport aérien : Air Canada, Air France, British Airways, Cathay Pacific, Emirates, Etihad, Finnair, Lufthansa, Qatar Airways, Singapore Airlines, Swiss, Thaï Airways, Vietnam Airlines… Dans le groupe B, « niveau correct » : Aeroflot, Air Austral, Delta Airlines, Iberia ou l’Avion. En bas de classement, les compagnies des groupes D et E font donc figure de mauvaises élèves. Les commentaires ne manquent pas d’ailleurs d’ironie. A propos de la compagnie aérienne vénézuélienne AeroEjecutivos, François Nénin écrit : "Un seul avion, un Convair qui a 56 ans et qui aurait sans doute plus sa place dans un musée !". En parcourant la liste, on découvre aussi quelques noms de compagnies connues, comme la brésilienne TAM, l’espagnole Spanair, la cubaine Cubana ou la bahaméenne Air Bahamas et ses 4 avions de 27 ans de moyenne d’âge.
> La loi des statistiques…
. Chaque année, le Bureau d’Archives des Accidents Aéronautiques de Genève dresse quant à lui les statistiques de l’année écoulée en matière d’accidentas aériens. Au total, les chiffres du B3A rappelle que le nombre d’accidents d’avions survenus dans le monde s’est élevé à 147 en 2008, soit 8 de plus qu’en 2007, faisant un total de 876 décès. La compilation des données se révèle en tout cas riche d’enseignements… Sur les 148 avions perdus en 2008, trois étaient des Airbus (un A310 et deux A320) contre 11 Boeing (deux 727, quatre 737, trois 747, un 777 et un B-52). Le B3A recense également 25 Cessna, 19 Beechcraft, 12 Antonov, 3 Fokker ou encore 3 Iliouchine. Sur le plan géographique, 26% des accidents se sont produits en Amérique du Nord contre 19% en Asie, 16% en Amérique du Sud, 12% en Afrique, 11% en Europe, 11% en Amérique centrale et 5% en Océanie.
. Autre statistique intéressante : d’après une étude de la Direction générale de l’aviation civile, l’analyse des accidents selon les phases de vol montre que près de 70 % des accidents ont lieu durant les phases d’atterrissage (43,4 %) ou de décollage (24,8 %), quelque soit la distance parcourue. En d’autres termes, le risque d’accident est le même que vous vous envoliez pour un Paris-Tokyo que pour un Paris-Nice. En partant de cette seule donnée, vous prenez donc deux fois moins de risques en choisissant un vol direct plutôt qu’un vol avec escale. Quoi qu’il en soit, rappelez-vous que l’avion reste un moyen de transport nettement plus sûr que… la voiture ! Rien qu’en France, les accidents de la route ont fait plus de 4600 victimes l’an dernier…